Voir la Vérificatrice générale consacrer un chapitre en entier dans son rapport 2018 présenté la semaine dernière est une sonnette d’alarme que l’on ne peut plus ignorer. Le fardeau financier de la province ne cesse d’augmenter avec des déficits consécutifs qui, combinés avec la croissance de la dette, soulèvent des préoccupations au sujet de la durabilité même de la province. Le Nouveau-Brunswick doit améliorer sa santé financière si nous voulons continuer à offrir les services gouvernementaux à notre population tels que des soins de santé, l’éducation et les routes, tout en respectant nos engagements financiers.
Il est particulièrement troublant que la dette nette de la province ait augmenté de 7 milliards $ en dix ans et que l’on prévoit qu’elle atteindra 14,5 milliards $. Il s’agit de la dette nette la plus élevée parmi les provinces comparables, alors que sa capacité à régler la décroissance économique est plus limitée que celle des autres provinces. En outre, le Nouveau-Brunswick possède la dette nette la plus élevée en pourcentage de produit intérieur brut (PIB) parmi les provinces comparables, soit 41 % du PIB (un chiffre qui est à la hausse depuis 2008 et qui dépasse celui de la Nouvelle-Écosse, du Manitoba et la Saskatchewan).
La Vérificatrice générale avait déjà émis des préoccupations dans son rapport 2017 où la dette nette atteignait alors 13,8 milliards de dollars et qui avait doublé depuis 2008. Une analyse révèle que la dette nette par habitant était de 18 300 $ en 2017, comparativement à 9 483 $ par habitant en 2008, soit une augmentation de 92,7 % en dix ans. Elle atteindra maintenant 19 000 $ par habitant en 2019, alors que le Nouveau-Brunswick aura un onzième déficit consécutif.
Par ailleurs, l’équilibre budgétaire qui avait été promis pour 2020-2021 a été repoussé d’une année lors du budget provincial présenté en janvier 2018. Des agences de notation de crédit canadienne, Dominion Bond Rating Service et Moody’s Investor Credit, ont depuis mis en doute la capacité de la province à contrôler sa dette et cela pourrait affecter la cote de crédit à long terme du Nouveau-Brunswick si des améliorations ne sont pas apportées.
Pour reprendre les propos de la Vérificatrice générale, le Nouveau-Brunswick s’est engagé dans une pente dangereuse qui est accentuée par l’absence d’un plan pour régler cette décroissance économique persistante. Quand nous combinons ces déficits budgétaires consécutifs et la croissance de la dette avec notre population vieillissante et notre décroissance démographique, l’avenir s’annonce sombre si ces tendances ne sont pas renversées. La sonnette d’alarme est tirée.
Thomas Raffy
Président-directeur général
Conseil économique du Nouveau-Brunswick inc.