Chroniques
Un rapport qui tire la sonnette d’alarme
7 février 2019
Deux aspects particuliers de dernier rapport de la Vérificatrice générale de la province, Kim MacPherson, ont retenu notre attention pour leur impact sur les entreprises francophones et l’avenir économique du Nouveau-Brunswick, soit la suite de son audit sur Travail sécuritaire NB (TSNB) et ses commentaires sur la situation financière de la province. Le Conseil économique du Nouveau-Brunswick (CÉNB) tire la sonnette d’alarme sur ces deux sujets depuis un certain temps et nos inquiétudes se retrouvent noir sur blanc dans les pages de ce rapport.
Ainsi, Mme MacPherson a souligné que TSNB a connu un déficit de 111 millions $ en 2016, alors que les employeurs financent ses activités à coups d’augmentations vertigineuses. Elle affirme que les pratiques de surveillance du gouvernement et du conseil d’administration ont miné l’indépendance de TSNB et ont eu des répercussions sur l’efficacité du conseil.
La Vérificatrice générale s’est intéressée cette fois-ci à la gestion des réclamations des travailleurs blessés, une gestion qu’elle qualifie de raisonnable et de cohérente avec les pratiques exemplaires. Toutefois, elle a relevé des lacunes de processus qui entravent la gestion active des cas pour favoriser une reprise du travail en temps opportun. Elle suggère la mise en œuvre de plusieurs recommandations pour éliminer les retards, promouvoir la reprise du travail, réduire la durée des réclamations, etc. En plus, elle s’est attardée sur les nombreuses hausses de dépenses et des frais au titre des réclamations. Elle conclut que l’un des principaux facteurs contributeur est les décisions du Tribunal d’appel des accidents au travail (TAAT), comme avancé en juillet 2018 par le Groupe de travail sur TSNB.
Ceci ne fait que confirmer nos préoccupations et l’urgence d’agir pour modifier radicalement le fonctionnement de Travail sécuritaire NB afin de lui permettre de continuer à offrir ses services essentiels. Nous réitérons l’importance d’apporter des changements sans plus tarder et nous réclamons l’adoption des recommandations de Mme MacPherson, en plus de celles du Groupe de travail sur TSNB qui propose notamment des modifications législatives pour limiter les pouvoirs du TAAT.
Par ailleurs, la situation financière de la province continue de se détériorer malgré le faible excédent annuel de 67 millions $ enregistré l’an dernier. La dette consolidée du Nouveau-Brunswick a atteint un sommet historique de 17 milliards de dollars, soit une augmentation de 7 milliards $ au cours des dix derniers exercices. Comme l’a illustré la Vérificatrice générale de façon frappante, si le remboursement de la dette atteignait 100 millions $ par année, 170 ans seraient nécessaires pour effacer notre dette. En outre, la dette actuelle s’élève maintenant à 18 300 $ par habitant et atteindra 19 000 $ par personne en 2019.
Ce portrait sombre de nos finances n’est certes pas de bon augure pour notre avenir économique. La priorité pour notre gouvernement devrait être l’atteinte d’un équilibre budgétaire afin de réduire la dette provinciale avant que ses répercussions n’entravent totalement notre croissance économique.
Nous attendons donc avec impatience le discours du premier ministre Higgs sur l’état de la province qui sera présenté plus tard cette semaine. Nous présumons que le premier ministre présentera la direction qu’il entend choisir pour relever les nombreux défis que le Nouveau-Brunswick devra affronter au cours des prochaines années, et osons croire que ceci comprendra l’épineux dossier de Travail sécuritaire NB, ainsi que celui de l’assainissement des finances publiques.
Thomas Raffy
Président-directeur général
Conseil économique du Nouveau-Brunswick inc.