Chroniques
Réduction de gaz à effet de serre : Un défi énorme ici et mondialement
Trop souvent, nous regardons l’énorme défi d’atteindre la carboneutralité au microscope selon nos besoins régionaux ou locaux. Alors, comment peut-on réduire nos émissions tout en contribuant à réduire les émissions de gaz à effet de serre mondialement ? Je commence avec des statistiques pour illustrer l’opportunité du Nouveau-Brunswick et du Canada pour contribuer à la réduction globale de dioxyde de carbone (CO2).
Voici la part mondiale des émissions de CO2 produites par cinq pays importants pour les années 2000 et 2021 :
Pays 2000 2021
Canada 2,2 % 1,5 %
États-Unis 23,7 % 13,5 %
Chine 14,3 % 30,9 %
Inde 3,8 % 7,3 %
Allemagne 3,6 % 1,8 %
En 2021, la Chine a produit près de 8 milliards de tonnes de CO2 sur un grand total de 11,5 milliards de tonnes avec environ 1 100 centrales au charbon, soit à peu près 8 fois plus que les émissions de charbon provenant des États-Unis. En comparaison, les émissions totales de CO2 du Canada sont présentement estimées aux environs de 0,55 milliard ou 550 millions de tonnes. L’année dernière, la Chine a encore construit plus de 45 gigawatts ou 45 000 mégawatts avec de nouvelles centrales au charbon, ce qui est plus que la capacité totale du réseau d’électricité d’Hydro-Québec de plus 37 000 mégawatts. Après mes recherches, j’étais surpris de constater qu’il y avait encore 2 400 centrales au charbon dans 79 pays en 2021. C’est ahurissant et troublant !
Et de là, j’entrevois la grande opportunité pour le Nouveau-Brunswick et notre pays si nous adoptons une approche plus pragmatique axée sur des résultats tangibles et concrets. En moyenne, les centrales électriques au gaz naturel, dû à leur plus grande efficacité, émettent environ 50 % de moins de CO2 que les centrales au charbon. Avec l’abondance de nos ressources de gaz naturel au Nouveau-Brunswick, nous pouvons non seulement considérablement réduire nos émissions dans nos provinces maritimes mais assurer une transition durable économiquement et écologiquement. Aussi, nous pourrons aider bien d’autres pays qui n’ont pas en main nos énormes ressources naturelles à réduire leurs émissions.
Pour atteindre nos objectifs mondiaux de réduction de gaz à effet de serre, la majorité des personnes expertes sont d’accord qu’il faudra plusieurs nouvelles technologies à prix abordables en plus des technologies existantes. Même si la transition au gaz naturel n’est pas parfaite, elle est nécessaire pour pouvoir atteindre la carboneutralité par 2050. Ceci permettra de donner le temps aux nouvelles technologies de devenir plus concurrentielles (nucléaire, batteries, hydrogène et bien d’autres). Si tout ce qu’on fait, résulte simplement à un transfert des émissions entre pays développés et pays en voie de développement, on risque d’être vraiment désappointé quand arrivera le compte à rebours de 2050 qui se pointe rapidement à l’horizon.
Le Nouveau-Brunswick a amplement de ressources de gaz naturel pour réduire nos émissions régionales de façon significative pour notre transition vers la carboneutralité ce qui permettra à notre économie de survivre cette transition nécessaire pour un meilleur avenir pour notre planète. En plus, nous pourrions contribuer à accélérer le développement de l’industrie de l’hydrogène qui se doit d’être compétitive mondialement. Aussi, l’exportation de notre gaz naturel pourrait largement contribuer à fermer beaucoup de centrales au charbon partout dans le monde. Spécifiquement, des pays d’Europe, comme l’Allemagne, ont démontré beaucoup d’intérêts pour nos ressources en gaz naturel et à notre grand potentiel de production d’hydrogène. Qu’attendons-nous pour signer des ententes avec ce pays dans le besoin d’énergies plus propres ?
J’espère que nous ferons preuve de pragmatisme pour relever l’énorme défi d’atteindre la carboneutralité par 2050. Ensemble et collaborativement, nous pouvons y arriver ! Il le faut, car notre planète nous parle constamment à travers les évènements climatiques de plus en plus sévères. En terminant, nous n’avons pas de choix d’avancer avec un sens d’urgence beaucoup plus aiguisé ! Ma mère disait souvent : « Les actions valent toujours beaucoup plus que les mots ! »
Gaëtan Thomas
Président-directeur général du CÉNB