Chroniques
Qu’est-ce qui arrive quand on remet à plus tard ? La compétitivité de nos PME est à risque !
Mes parents m’ont appris très jeune de ne pas remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui. À l’école, nous avions appris la belle leçon de vie de l’histoire de la cigale et la fourmi par Jean Lafontaine. Celle-ci commence avec : « La Cigale, ayant chanté tout l’été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue ». Vous savez probablement le reste par cœur. Du moins, les personnes plus âgées comme moi l’ont récité maintes et maintes fois. Cela faisait partie des principes que mes parents m’ont inculqués en grandissant. Ma mère disait aussi que les modes changent, mais que les principes durent.
Durant toute ma carrière, j’ai appris que rien n’était donné. Également, le succès est toujours dépendant des efforts que nous y mettons, comme la fourmi dans la fable de Lafontaine qui était prête pour un dur hiver. Où est-ce que je vais avec tout cela ? J’ose faire des analogies avec la situation de la clientèle d’Énergie NB. Celle-ci est maintenant forcée de payer davantage pour les décisions politiques d’avoir remis à plus tard l’augmentation des taux correspondant à l’inflation, à l’exemple de la cigale. Pourtant, nous savons toutes et tous la conclusion de cette illustre fable. Plusieurs présidents d’Énergie NB avant moi ont fait face aux mêmes appréhensions que j’avais quand il fallait augmenter les tarifs d’électricité. Souvent, les décisions étaient prises pendant des campagnes électorales avant même d’aller présenter le cas au régulateur. Je l’ai vécu personnellement deux fois pendant que j’étais à la tête d’Énergie NB. Une seule décision de geler les tarifs pendant trois ans a fait en sorte que l’objectif de réduire le ratio de la dette versus l’équité à 80 % est simplement tombé à l’eau.
Si on fait un retour en arrière avec la mentalité « fourmi » au lieu de « cigale » de la fable de Lafontaine et une hausse minime du coût de la vie de 2 % par année pour trois ans, les calculs avec l’accumulation de ces tarifs sur plus de dix ans, démontrent que l’objectif de moins de 80 % aurait pu être atteint. De plus, au lieu de faire du rattrapage, nous ferions face à des hausses de tarifs bien moindres et consistantes avec l’inflation seulement.
Ces hausses importantes proposées seront très difficiles à absorber pour nos PME, ainsi que pour toute la clientèle d’Énergie NB. À un moment donné, quand on faisait des comparaisons des tarifs avec les autres provinces canadiennes, Énergie NB se situait favorablement au pays. Nous nous retrouvions en quatrième ou cinquième position, derrière les fournisseurs d’électricité du Manitoba, de la Colombie-Britannique et du Québec qui bénéficient de grandes ressources hydroélectriques impossibles à rivaliser.
Maintenant, au Conseil économique du Nouveau-Brunswick, nous sommes très inquiets pour le maintien de la compétitivité de nos entreprises dans un marché de plus en plus global. De plus, l’inflation tarde à revenir à la normale et la hausse des taux d’intérêt diminue la capacité de nos PME pour investir dans des initiatives pour augmenter la productivité. Quand on accumule tous ces énormes défis, est-ce que nos PME pourront tenir le coup ? Il le faut, car notre économie dépend tellement du succès de nos PME.
Qu’est-ce qu’on apprend de tout cela ? Nous devons payer maintenant, tout en demeurant compétitif avec les autres juridictions pour éviter de passer le fardeau à nos petits-enfants. Est-ce que nos politiciens et politiciennes vont avoir le même courage pour faire face à la musique maintenant ? Si je me rappelle bien, une campagne électorale s’en vient cet automne. La fable de Lafontaine n’est toujours pas facile à vivre, mais si on l’adopte, les résultats seront toujours meilleurs à long terme.
Le succès du plan d’affaires d’Énergie NB est critique pour la prospérité et la compétitivité de nos PME. Les tarifs d’énergie doivent demeurer concurrentiels pour nos PME ! Sinon, nous compromettrons la viabilité de notre économie à l’avenir ! Ensemble, nous devons absolument trouver des solutions durables le plus tôt possible !
Gaëtan Thomas
Président-directeur général du Conseil économique du Nouveau-Brunswick