Chroniques
Pour attirer plus d’investissement, adressons la productivité et cassons la vitre
Aujourd’hui, je continue sur le sujet entamé deux semaines passées avec des solutions possibles pour créer un environnement plus propice aux investissements au Canada et au Nouveau-Brunswick.
Tout d’abord, il faut rapidement adresser la productivité en retard du Canada qui a atteint des niveaux de crise, selon la sous-gouverneure de la Banque du Canada, Carolyn Rogers. Elle a déclaré que notre pays accuse un retard dans l’investissement en machines, en équipements et en propriété intellectuelle. Nous sommes d’accord avec elle et plus particulièrement au Nouveau-Brunswick, car nous investissons moins en innovation et en automatisation que nos provinces voisines. Mme Rogers va même plus loin en affirmant que la nécessité d’améliorer la productivité a atteint un niveau d’urgence. L’économie est confrontée à un avenir où l’inflation pourrait être plus menaçante que ces dernières décennies. « Vous connaissez ces panneaux qui disent “En cas d’urgence, cassez la vitre” ? Eh bien, il est temps de casser la vitre », a déclaré Carolyn Rogers lors d’un discours le 26 mars dernier à Halifax.
Selon Mme Rogers, la productivité du travail canadien a légèrement augmenté à la fin de l’année dernière. Toutefois, cela s’est produit après six trimestres consécutifs de baisse de la productivité. Elle a aussi noté que la productivité des entreprises des États-Unis a augmenté plus rapidement que le Canada à la sortie de la pandémie. « En fait, le niveau de productivité dans le secteur des affaires au Canada est plus ou moins inchangé par rapport à il y a sept ans », a-t-elle déclaré. L’amélioration de la productivité est plus que nécessaire pour contrer les forces qui contribuent à créer un environnement favorable à l’inflation. « Nous savons que les changements démographiques et les impacts économiques du changement climatique auront tendance à exercer une pression à la hausse sur les prix. Les tensions commerciales mondiales persistantes augmentent également le risque d’inflation future », a-t-elle ajouté.
Tout le monde attend fiévreusement la prochaine décision sur les taux d’intérêt de la Banque du Canada et le rapport sur la politique monétaire qui sont prévus pour le 10 avril. L’inflation a diminué ces derniers mois au Canada, s’établissant à un taux annuel de 2,8 % en février. Pendant qu’on surveillera de très près ce que la banque centrale va nous annoncer prochainement, on surveillera aussi ce que le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, aura à dire sur la productivité et d’autres facteurs inquiétants pour notre économie.
Mme Rogers a de plus déclaré récemment que la productivité est un moyen d’inoculer une économie contre l’inflation. « Une économie à faible productivité ne peut croître que jusqu’à ce que l’inflation s’installe. Mais une économie à forte productivité peut avoir une croissance plus rapide, plus d’emplois et des salaires plus élevés avec moins de risque d’inflation », a-t-elle affirmé.
Le retard de productivité du Canada est devenu un problème chronique. D’après les recherches de l’économiste de TD Economics, Marc Ercolao, le Canada sous-investis dans la force de travail comparativement aux États-Unis. L’écart des investissements en innovation (pourcentage du PIB) s’agrandit dans la mauvaise direction entre les États-Unis et le Canada.
Comme autres solutions possibles, en plus d’adresser la productivité, il faut s’assurer que la formation et l’éducation que nous fournissons enseignent les compétences dont nous avons besoin. De plus, un environnement commercial plus compétitif aiderait à stimuler une plus grande innovation et efficacité.
Alors, pour y arriver, il faudra beaucoup plus d’investissements en innovation, formation, éducation et automatisation des gouvernements fédéral et provincial ainsi que du secteur privé. Ensemble, collaborons pour y arriver !
Gaëtan Thomas
Président-directeur général du Conseil économique du Nouveau-Brunswick