Chroniques
L’intelligence artificielle : une occasion en or pour le Canada
Dans un monde toujours en changement et de plus en plus imprévisible, que peut faire le Canada pour renverser les tendances négatives de nos indicateurs de performance économique par rapport à nos compétiteurs? Ce monde est de plus en plus automatisé, alors profitons des énormes opportunités qu’offre la venue de l’intelligence artificielle dans presque tous les domaines.
Pour commencer, regardons ensemble notre performance économique par rapport à nos pairs. En août 2024, l’Atlantic Fraser Institute a examiné la performance économique du Canada par rapport à un groupe de pays industrialisés de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OECD) de 2007 à 2019, le dernier cycle économique complet. L’étude a évalué le PIB, l’investissement et la performance du marché du travail.
En commençant par les mesures de revenu, le PIB du Canada a connu une croissance de 22,5 % pendant cette période, le plaçant au 14e rang parmi une trentaine de pays de l’OECD. Cependant, lorsqu’il est ajusté pour le PIB par habitant et habitante, la croissance était modeste à 7,2 %, classant le Canada 19e. Cette performance par habitant et habitante indique un déclin par rapport à la moyenne de l’OECD, soulignant les défis à maintenir une croissance économique relative.
Initialement supérieur à la moyenne de l’OECD en 2007, l’investissement du Canada, mesuré par le ratio de la formation brute de capital fixe (FBCF) totale au PIB, a commencé à diminuer en 2013. Il est ensuite en dessous de la moyenne de l’OECD par 2016.
Un indicateur particulièrement frappant de cette tendance est la réduction de 11,1 %, de 2007 à 2019, de l’investissement des entreprises, représenté par la FBCF non résidentielle privée. Ce déclin suggère une contraction substantielle de l’investissement dans les segments clés de l’économie. L’investissement du gouvernement canadien en proportion du PIB a également diminué de 9,2 % pendant cette période.
L’analyse du marché du travail révèle des résultats mitigés. Le taux de participation de la main-d’œuvre et le taux d’emploi du Canada ont montré une stabilité relative. Cependant, l’emploi dans le secteur public a crû plus rapidement (17,3 %) que l’emploi dans le secteur privé (13,3 %). La productivité du travail, mesurée en PIB par heure travaillée, a augmenté de 10,3 %, mais cette croissance était inférieure à la moyenne de l’OCDE de 11,2 %. De plus, le PIB par travailleur et travailleuse a augmenté de 6,8 %. Ceci souligne davantage la position du Canada comme l’une des économies à la croissance la plus lente parmi ses pairs de l’OECD.
Bien que ces données n’aillent pas dans la bonne direction, que pouvons-nous faire pour trouver des solutions pour redevenir la puissance économique d’autrefois ? Tout d’abord, il faut reconnaître nos forces et nos faiblesses pour pouvoir profiter des opportunités et faire face aux menaces qui sont imminentes. Le Canada a plusieurs avantages économiques sur lesquels, malheureusement, nous ne réussissons pas à capitaliser. Entre autres, nos énormes ressources naturelles comme le gaz naturel sont difficiles à exploiter au Canada. Cependant, nous avons d’abondantes sources d’énergie à faible taux d’émission comme l’hydroélectricité et l’énergie nucléaire. Celles-ci pourraient servir de base durable pour l’infrastructure de l’intelligence artificielle (IA), une occasion en or pour le Canada. Peu de pays au monde ont accès à des sources aussi importantes d’énergie propres que le Canada. Selon les propos du président élu, les États-Unis reculeront sur l’énergie propre requise pour combattre les changements climatiques. Le Canada pourrait en tirer avantage pour démontrer nos capacités d’infrastructures en énergie propre, nos télécommunications de pointe, nos solides protections juridiques de la propriété intellectuelle, notre stabilité géopolitique, ainsi que nos institutions universitaires de haut calibre. De plus, notre climat plus frais réduit naturellement le besoin de systèmes de refroidissement énergivores dans les centres de données.
Alors, pourquoi ne pas adopter l’IA de plein fouet, en construisant les infrastructures nécessaires pour attirer les investissements internationaux et favoriser la croissance économique à long terme ? Pour y arriver, il faudra aussi bâtir des coalitions d’entreprises technologiques avec les gouvernements provinciaux et fédéral, ainsi que les compagnies d’électricité et les universités. Le potentiel est énorme pour le Canada.
Même si les perspectives de productivité du Canada sont alarmantes, ne les laissons pas définir notre avenir. Nous avons une chance unique de mener la révolution de l’IA avec nos infrastructures électriques et de télécommunications modernes. Alors, servons-nous de tous ces atouts, et ensemble, fonçons avant qu’il ne soit trop tard !
Gaëtan Thomas
Président-directeur général du CÉNB