Chroniques
L’entrepreneuriat : Le moteur essentiel du progrès économique, technologique et humain
Cette semaine j’ai traduit intégralement un article de Thomas S. Caldwell qui est président de Caldwell Securities Ltd. et président d'Urbana Corporation pour mettre en évidence l’énorme importance de l’entrepreneuriat comme créateur de richesse. Voici la traduction de son article très intéressant publié récemment dans le Financial Post.
« Il existe un moteur essentiel du progrès économique, technologique et humain : la personne entrepreneuriale. Oui, la personne rêveuse : la personne qui peut imaginer, découvrir et construire de nouvelles et meilleures façons de faire les choses. La société célèbre et honore les PDG qui réussissent, mais nous oublions souvent que toute grande entreprise est née d'une personne entrepreneuriale qui a transformé une idée en réalité concrète.
La plupart des grandes entreprises technologiques d'aujourd'hui n'existaient pas il y a 40 ou 50 ans. En fin de compte, elles ont toutes commencé par un rêveur ou une rêveuse. IBM Corp. et les géants du passé n'ont pas été à l'origine de la création des nouvelles entreprises et des nouveaux produits qui dominent aujourd'hui l'espace technologique, des entreprises telles que Microsoft Corp. Google LLC, Meta Platforms Inc. et Tesla Inc. Les grandes entreprises établies ont tendance à devenir bureaucratiques et à se focaliser sur leurs gammes de produits et leurs marchés existants. Leur environnement n'est souvent pas propice à l'innovation révolutionnaire. Lorsque le premier Trudeau était au pouvoir, les téléphones portables, l'internet et les médias sociaux n'existaient pas. Considérant l'économie comme statique, il estimait que le rôle du gouvernement se limitait à redistribuer les richesses, sans encourager les entreprises privées à en créer davantage. Ce point de vue est toujours d'actualité dans de nombreux cercles gouvernementaux et auprès du public. Par exemple, depuis décembre 2019, l'emploi dans le secteur public au Canada a connu une croissance significative, avec près de 657 000 nouveaux emplois. En comparaison, le secteur privé a connu une augmentation de 662 000 emplois au cours de la même période.
La concurrence du secteur public pour attirer les talents n'est qu'un des défis auxquels sont confrontés les entrepreneurs et les entrepreneures, qui se heurtent à des obstacles à tous les niveaux de gouvernement. L'augmentation de la fiscalité et de la complexité au niveau fédéral, les obstacles réglementaires au niveau provincial et la guerre des transports au niveau municipal n'en sont que quelques exemples. Certains aspects du secteur privé posent également des problèmes aux entreprises, comme les banques et d'autres grandes sociétés qui font traîner leurs paiements aux petits fournisseurs, les privant ainsi des liquidités nécessaires pour les salaires, les fournitures et les loyers.
Au sud de la frontière, ce qui a rendu les États-Unis si forts économiquement, c'est leur encouragement actif et leur célébration des personnes en entrepreneuriat. Même leurs lois sur les faillites encouragent une seconde chance pour ceux qui échouent dans un premier temps, l'exemple le plus célèbre étant celui de Walt Disney. Au Canada, nos lois sur les faillites cherchent à anéantir totalement ceux et celles qui ne réussissent pas dans leurs premiers efforts.
En outre, le marché canadien des capitaux publics pour les nouvelles entreprises est pratiquement inexistant. Les introductions en bourse à la Bourse de Toronto, notre plus grand marché public d'actions, sont tombées à leur plus bas niveau depuis 30 ans. Le grand total d'une introduction en bourse pour toute l'année 2023, une société de redevances, et une jusqu'à présent en 2024, brossent un tableau sombre de la situation. Les contraintes réglementaires liées à la création d'une société publique privent également les investisseurs d'opportunités à un stade précoce. Les nombreuses exigences de conformité limitent le nombre de startups désireuses de s'introduire en bourse, ce qui réduit en fin de compte le paysage de l'investissement et le rendement potentiel pour les investisseurs.
Le financement privé est désormais considéré comme un refuge pour les nouvelles entreprises, mais même cette source de capital est en déclin. Depuis 2021, le nombre et la valeur totale des opérations de capital-risque au Canada sont passés de 843 opérations (d'une valeur de 15,5 milliards de dollars) en 2021, à 763 opérations (d'une valeur de 10,4 milliards de dollars) en 2022, à 674 opérations en (7,1 milliards de dollars) 2023, et à 279 opérations (3,6 milliards de dollars) au cours du premier semestre 2024.
Le nouveau régime d'imposition des « plus-values » promu par le gouvernement libéral actuel, qui augmente effectivement le taux d'imposition de 33 %, décourage également la prise de risque. Ces obstacles doivent être réduits. De nombreux jeunes Canadiens et Canadiennes souhaitent imiter des personnes entrepreneuriales telles que Bill Gates, Larry Ellison, Jeff Bezos et même Mark Zuckerberg, qui ont tous créé et développé des entreprises spectaculaires en prenant le risque d'échouer. Les entrepreneurs et les entrepreneures recherchent des environnements favorables en termes de financement et de marchés, et le choix par défaut a été les États-Unis, ce que nous constatons aujourd'hui avec l'intelligence artificielle.
Le rôle fondamental de tout gouvernement est de fournir les conditions nécessaires à ses citoyens pour qu'ils réalisent leur meilleur potentiel. Si ce n'est pas le cas, beaucoup partiront ou n'essaieront tout simplement pas. Une idée à méditer : Si nous avions gardé tous les entrepreneurs et entrepreneures qui ont quitté notre pays pour aller en Amérique, le Canada serait peut-être l'un des pays les plus riches du monde. Au lieu de cela, nous sommes nourris de programmes gouvernementaux encore plus inefficaces.
Nous devrions envisager d'encourager les Canadiens qui veulent construire quelque chose de mieux. En mai, Tobi Lütke, cofondateur et directeur général de Shopify Inc. a déclaré que le Canada devait surmonter sa « mentalité de fonceur ». « Nous prenons ce qui est le plus important et l'envoyons ailleurs », a-t-il déclaré. Le Canada est peut-être un endroit idéal pour créer une nouvelle entreprise, mais il ne l'est pas pour en construire une.
Les anciens cadeaux gouvernementaux ne fonctionnent tout simplement plus, et de nombreux Canadiens commencent à s'en rendre compte. J'espère que Mark Carney, dans son nouveau rôle de promoteur de la croissance, pourra tenir compte de ces réflexions. Les entrepreneurs et entrepreneures, en tant que créateurs et créatrices de richesse, sont le niveau le plus élevé du système de la libre entreprise. Sans elles et eux, les économies stagnent. Les preuves sont claires. »
Gaëtan Thomas
Président-directeur général du Conseil économique du Nouveau-Brunswick