Chroniques
L’économie du Canada a des défis importants pour atteindre la prospérité économique
Quand on comparait le Canada aux autres pays du G7 dans le passé, notre pays affichait d’excellents indicateurs de croissance économique. Depuis le retour vers la normale depuis la pandémie, l’économie canadienne s’est rapidement redressée, surtout grâce à l’immigration. Nous nous en sommes rendu compte rapidement, même au Nouveau-Brunswick, particulièrement sur le marché de l’habitation et sur la consommation.
Cette augmentation du nombre de ménages sur la demande et sur l’offre de main-d’œuvre fait que l’économie canadienne continue de croître en dépit des efforts de la Banque du Canada qui tente de ralentir l’inflation vers une cible de 2 % en haussant régulièrement les taux d’intérêt. Mais comme le dit l’économiste à TD Economics, Marc Ercolao, dans sa récente publication du 13 juillet 2023 : « La croissance économique n’est pas nécessairement synonyme de prospérité économique. Le PIB global est une chose, mais le niveau de vie en est une autre, et lorsque l’on regarde la performance économique du Canada en tenant compte de la croissance de sa population, la situation est loin d’être idéale. Le retard du pays en matière de PIB par habitant ne date pas d’hier, mais il s’est encore aggravé depuis la pandémie. »
Il explique plus loin dans son rapport : « Au cours de la décennie précédant la pandémie, la croissance du Canada moyenne était presque identique à celle des États-Unis, à un peu plus de 2 % par année, contre une moyenne de 1,4 % pour l’ensemble du G7. Après la pandémie, et bien qu’il ait affiché certains des replis les plus marqués en 2020, le Canada est parvenu à enregistrer la deuxième croissance moyenne la plus rapide. Cette avance s’explique essentiellement par un accroissement démographique largement supérieur à celui des autres économies avancées, et ce depuis des années. L’écart entre le Canada et les pays du G7 s’est encore creusé depuis 2020.
Toutefois, en raison de cette croissance démographique, le PIB réel par habitant du Canada se détériore, et ce, depuis de nombreuses années. Au début des années 1980, il dépassait la moyenne des économies avancées de près de 4 000 $ US et restait à peu près semblable à celui des États-Unis. En 2000, cette avance a complètement disparu et le PIB par habitant des États-Unis dépassait celui du Canada de plus de 8 000 $ US. Et, depuis le choc pétrolier de 2014-2015, le PIB réel du Canada n’a fait que se détériorer. Il n’a augmenté que de 0,4 % par année, ce qui fait pâle figure par rapport à la moyenne de 1,4 % des économies avancées. »
Cette tendance est très inquiétante et, pour comprendre pourquoi l’accroissement de la population n’est pas suffisant pour créer la prospérité économique, il faut regarder au numérateur de l’équation. Ceci inclut l’impact de la productivité (« mesurée selon le PIB réel par heure travaillée ») sur les taux de croissance du PIB réel pour compenser à l’impact de la croissance démographique qui est dans le dénominateur.
J’ai écrit plusieurs fois au sujet de l’importance de l’innovation, de l’automatisation et de la robotisation pour améliorer la productivité de nos entreprises. La productivité de la main-d’œuvre canadienne continue de trainer la patte, comparativement aux autres économies du G7. Quand allons-nous nous réveiller et adresser ces écarts d’une façon stratégique ?
M. Ercoloa, dans sa publication, affirme : « Au niveau provincial, les économies riches en ressources naturelles (Alberta, Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador) affichent toujours les PIB par habitant les plus élevés, mais leur avance a diminué au cours de la dernière décennie. » Et plus tard dans le rapport, il explique que c’est à cause : « … du fait de la forte intensité du capital dans le secteur pétrolier, qui est très important dans ces provinces. Leur avance a toutefois diminué depuis l’effondrement des prix du pétrole de 2014-2015, qui a en outre entrainé une baisse des nouveaux investissements dans les grands projets de ressources. »
Au Nouveau-Brunswick, nous avons beaucoup d’opportunités pour développer nos ressources naturelles. Alors, nous devons nous entendre pour développer ces ressources naturelles de façon responsable avec des mesures rigoureuses pour la protection de l’environnement. Cela permettrait plus d’investissements dans l’innovation et l’automatisation qui sont absolument nécessaires pour améliorer notre productivité et réduire les écarts mentionnés ci-haut afin de mieux concurrencer les économies des pays du G7. De plus, pour y arriver, nous aurons besoin bien plus que seulement des investissements en capital, en innovation et en recherche et développement. Il faudra aussi adresser nos politiques fiscales et l’inefficacité de la règlementation pour atteindre nos objectifs de productivité et d’innovation pour une prospérité économique durable.
Je suis complètement en accord avec la conclusion de M. Ercolao : « L’écart entre le PIB réel par habitant du Canada et celui des autres grandes économies ne cesse de se creuser et on ne peut plus faire comme s’il n’existait pas. Le problème est largement passé inaperçu, l’économie canadienne étant parvenue à occulter ses problèmes de productivité par une croissance alimentée par l’ajout de travailleurs qui risque de ne pas être tenable. C’est la baisse de la productivité de la main-d’œuvre qui reste le nœud du problème. »
Alors, ensemble, défaisons ce nœud du problème et devenons parties de la solution !
Gaëtan Thomas
PDG du CÉNB