Chroniques
La population étudiante internationale est importante pour le développement des communautés francophones du Nouveau-Brunswick
Lors d’une conférence de presse hier matin, le Conseil économique du Nouveau-Brunswick (CÉNB) et l’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick (AFMNB) ont tenu à rappeler au gouvernement fédéral et aux députés fédéraux de la province que le plan de réduction du nombre des permis délivrés pour la population étudiante internationale entraînerait des conséquences néfastes sur la vitalité des communautés francophones au Nouveau-Brunswick. Il est très difficile pour nous de comprendre l’approche du gouvernement fédéral. Nos entreprises peinent à trouver de la main-d’œuvre qualifiée et ces personnes qui fréquentent le CCNB et l’Université de Moncton nous aident à faire face à cette crise. Le plan du gouvernement va à l’encontre des efforts de plusieurs organisations pour attirer davantage de nouveaux arrivants et nouvelles arrivantes. Est-ce qu’il comprend les répercussions que ceci aura sur notre développement socio-économique? Quelles mesures prendra-t-il pour assurer l’accès pour nos entreprises aux étudiants et étudiantes de l’international cette année et à l’avenir?
L’AFMNB et ses 30 municipalités membres, qui sont à l’œuvre depuis des années pour attirer de nouveaux arrivants et arrivantes francophones et assurer leur intégration permanente dans nos communautés, renforcent la position du CÉNB. Yvon Godin, président de l’AFMNB affirme : « Les étudiants et étudiantes internationaux vivent ici, apprennent à connaître nos façons de faire et participent au marché du travail et à la vie communautaire. C’est un maillon essentiel de nos efforts de recrutement dans la communauté internationale. Le plan du ministre Miller ne prend pas en considération les défis particuliers de l’attraction d’immigrants et d’immigrantes en milieu francophone minoritaire. Pourtant, il a l’obligation de le faire en vertu de la Loi sur les langues officielles. Nous demandons donc au gouvernement fédéral de reconnaître l'importance cruciale de cette population étudiante francophone pour la province et de mettre en place des mécanismes pour permettre à un nombre suffisant d’étudiantes et étudiants internationaux à venir pour permettre à notre province de continuer à accueillir ces nouveaux talents que nous souhaitons garder dans nos régions après leurs études. »
Le CÉNB et l’AFMNB tiennent à rappeler que cette population étudiante est essentielle dans la province pour pouvoir livrer un grand nombre de services au public, notamment dans le domaine de la santé.
Des critères désavantageux et une rentrée en péril
Le PDG du CCNB, Pierre Zundel et le vice-recteur à l’enseignement et à la recherche de l’Université de Moncton, Gilles Roy ont également participé à la conférence de presse.
Depuis l’annonce du ministre Miller, le processus d’admission des étudiants internationaux est en pause. « Nous sommes en plein dans la période où nous transigeons avec les étudiants et étudiantes qui veulent venir étudier au Nouveau-Brunswick. Le processus est déjà long et complexe. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre que les gouvernements s’entendent sur les détails. Il faut bouger rapidement pour ne pas laisser ces gens en plan et mettre à risque notre capacité de réaliser notre mission et contribuer à la pénurie de main-d’œuvre et à l’atteinte des cibles d’immigration francophone », explique Gilles Roy.
Pour Pierre Zundel, les chiffres évoqués par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) démontrent une incompréhension de la réalité du Nouveau-Brunswick, et en particulier celle des francophones, pour concrétiser des inscriptions étudiantes internationales. « Entre le nombre d’offres que nous faisons et le nombre d’étudiants et d’étudiantes qui remplissent tous les critères et qui arrivent au CCNB et à l’Université de Moncton, on parle de taux de conversion qui sont de l’ordre de 36% dans le meilleur des cas. Ainsi, à titre d’exemple, avec la différence entre le taux de conversion de 60% d’IRCC et le 36% qu’a connu le CCNB en 2023, le collège n’aurait seulement que 430 personnes en provenance de l’international en première année cet automne comparativement aux 720 qu’il a accueillis l’automne dernier. Il faut que le ministre Miller et ses fonctionnaires permettent à nos institutions de faire plus d’offres pour nous donner la chance d’atteindre la cible de permis d’études qu’ils ont annoncée dès le départ », conclut le PDG du CCNB.
Ensemble, nous exhortons le gouvernement fédéral à modifier ses positions prises récemment pour rétablir la confiance pour supporter le développement de projet de logement mis en pause à la suite de cette incertitude afin de pallier la pénurie de main-d’œuvre dans la majorité de nos entreprises francophones et leur permettre de concurrencer dans un marché de plus en plus compétitif. La venue des étudiantes et étudiants internationaux est aussi critique pour répondre à la pénurie de main d’œuvre en santé et en éducation.
Gaëtan Thomas
Président-directeur général du Conseil économique du Nouveau-Brunswick