Chroniques
L’énorme défi de la carboneutralité en Atlantique
Cette semaine, pour ma chronique, je me base entièrement sur un rapport du Conseil économique des provinces atlantiques (CEPA) intitulé « Le défi de la réduction des émissions de carbone au Canada atlantique : évaluer le plan ».
Je suis en accord avec tous les points clés suivants du même rapport :
- Le gouvernement du Canada et les quatre provinces de l’Atlantique se sont engagés à réduire les émissions de gaz à effet de serre en vue d’atteindre la carboneutralité d’ici à 2050 au plus tard. Cet engagement constitue la base même des plans les plus récemment adoptés par ces gouvernements en ce qui concerne le climat.
- Ces plans comprennent généralement des mesures touchant l’ensemble de l’économie et des initiatives ciblant les secteurs à fortes émissions. Cela dit, les plans actuels du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux ne montrent pas exactement comment ils vont s’y prendre pour réaliser leurs objectifs de carboneutralité. Si l’on veut que les entreprises puissent elles-mêmes prendre des décisions et faire des investissements, il faut que les politiques publiques et les cadres règlementaires soient clairement définis et qu’ils permettent aux gens d’avoir des certitudes.
- La transition vers la carboneutralité dans l’économie coutera cher. Le gouvernement fédéral estime que les secteurs public et privé du Canada consacrent à cette transition, à l’heure actuelle, des investissements dont le total se situe entre 15 et 25 milliards de dollars par an. Cela reste très inférieur au niveau des investissements annuels exigés pour atteindre la carboneutralité d’ici à 2050, que le gouvernement fédéral estime entre 125 et 140 milliards de dollars.
- Les investissements dans les énergies renouvelables sont en hausse, mais l’éventail complet des technologies nécessaires pour atteindre la carboneutralité reste encore à mettre au point et il faut passer à une échelle supérieure. Le captage des émissions de carbone, la production d’hydrogène propre et la mise sur pied de petits réacteurs nucléaires modulaires pourraient jouer un rôle important dans la transition et offrir des débouchés pour l’économie dans notre région. Il est crucial que les gouvernements y consacrent des fonds, afin de réduire les risques financiers associés à la mise au point et à l’adoption de nouvelles technologies.
- La transition vers un système à faibles émissions de carbone est quelque chose qui à la fois constitue un gros défi et offre de grandes possibilités pour le marché du travail. Certains travailleurs dans les entreprises à fortes émissions risquent d’être forcés à se déplacer, mais de nombreux nouveaux postes vont être créés. Il faut des politiques publiques pour faciliter les changements de carrière et l’acquisition des compétences exigées par une économie plus écologique. »
consulter le rapport complet
Selon le même rapport, « le gouvernement fédéral décrit toutes ses mesures d’atténuation climatique actuelles et prévues, à compter de mars 2022, dans le « Plan de réduction des émissions 2030 ». Les actions clés comprennent ce qui suit :
Mesures touchant l’ensemble de l’économie
- Tarification du carbone : application directe d’une redevance aux combustibles fossiles comme l’essence, le mazout et le gaz naturel et instauration d’un système d’échange de droits d’émissions pour les industries à fortes émissions, qui impose une redevance pour les émissions « excédentaires ». La redevance pour les combustibles fossiles va passer de 65 dollars la tonne en 2023 à 170 dollars la tonne d’ici à 2030.
- Augmentation de la production et de l’utilisation de combustibles « propres » : mesures pour faire augmenter le recours à des combustibles à faibles émissions de carbone, comme le règlement sur les combustibles propres, qui exige la réduction des émissions pour l’essence et le diesel, et la stratégie canadienne pour l’hydrogène, qui vise à faire progresser la production sans pollution de l’hydrogène pour la consommation au Canada et pour les exportations.
- Soutenir la transition vers une économie axée sur une croissance propre : programmes favorisant l’adoption de processus de décarbonation et ciblant les obstacles qui freinent l’adoption des technologies propres. Le Fonds pour une économie à faibles émissions de carbone, qui apporte son soutien financier aux projets de réduction des émissions, fait partie de ces programmes.
- Adopter une approche globale pour réduire le méthane : mise en œuvre de la stratégie canadienne sur le méthane, dont l’objectif est de faire baisser les émissions de méthane de 35 p. 100 par rapport au niveau en 2020 d’ici à 2030. Le gouvernement est également en train de mettre sur pied un centre mondial d’excellence dans la détection et l’élimination du méthane.
Mesures sectorielles
- Bâtiments : mettre la dernière main à la stratégie canadienne pour les bâtiments verts, qui contiendra des mesures visant à décarboner les bâtiments anciens et à construire de nouveaux bâtiments carboneutres.
- Électricité : éliminer l’utilisation du charbon d’ici à 2030 et mettre au point un règlement sur l’électricité propre en vue d’atteindre la carboneutralité dans le secteur de l’électricité d’ici à 2035.
- Industrie lourde : accélérer la décarbonation des entreprises à fortes émissions grâce au programme des installations industrielles et manufacturières vertes et mettre au point une stratégie de captage, d’utilisation et de stockage du carbone.
- Pétrole et gaz : éliminer les subventions inefficaces d’ici à 2025 et adopter un plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier.
- Transports : définir des objectifs pour les ventes de véhicules zéro émission (VZE) au Canada pour tous les achats de véhicules légers, avec pour cible 100 p. 100 des ventes dans cette catégorie de véhicules d’ici à 2035. Élaborer une règlementation exigeant des ventes à 100 p. 100 de VZE pour un sous-ensemble de véhicules moyens et lourds d’ici 2040.
- Agriculture : prévoir des investissements supplémentaires dans le Fonds d’action à la ferme pour le climat, qui aide les agriculteurs à adopter des pratiques utiles sur le plan de la gestion, et dans le Programme des technologies propres en agriculture, qui soutient la mise au point et l’adoption de technologies propres dans l’agriculture.
- Déchets : instaurer une nouvelle règlementation en vue de réduire les émissions de méthane dégagées par les lieux d’enfouissement de déchets solides dans les municipalités.
- Solutions naturelles : accorder plus d’argent au Fonds des solutions climatiques axées sur la nature, pour soutenir les projets contribuant à capter et à stocker le carbone grâce aux cycles naturels dans les marais, les tourbières et les prairies. »
J’ai jugé bon cette semaine de vous fournir toutes ces informations qui résument bien l’énorme défi de la carboneutralité ainsi qu’un résumé des actions précises menées par le gouvernement fédéral provenant du « Plan de réduction des émissions 2030 » brillamment mis ensemble par le CEPA dans le rapport ci-haut. Beaucoup de matériel à digérer mais essentiel pour bien comprendre les défis pour arriver à la carboneutralité. En dépit des énormes défis, c’est ensemble qu’on peut y arriver!
Gaëtan Thomas
Président-directeur général du CÉNB