Chroniques
L’automatisation dans nos communautés rurales
24 avril 2019
Confrontées aux difficultés accrues de recrutement et de rétention de la main-d’œuvre, nos entreprises doivent se tourner vers des solutions alternatives pour pourvoir leurs postes vacants. L’automatisation de certains procédés est préconisée comme l’une des solutions à ce dilemme et cela pourra aider des entreprises à éliminer certains défis de main-d’œuvre. Cependant, cette solution bénéfique dans certains cas s’avère aussi une arme à double tranchant dont l’impact pourrait se faire durement ressentir sur certaines de nos communautés.
D’ailleurs, il est estimé que près de la moitié des emplois au Canada risquent d’être automatisés au cours des deux prochaines décennies. Ces emplois ne seront pas nécessairement perdus, mais plutôt restructurés et de nouveaux postes seront créés. De plus, les analystes prévoient qu’une grande majorité des emplois de l’avenir n’existent même pas encore à l’heure actuelle puisqu’ils découleront de technologies de pointe comme, par exemple, l’intelligence artificielle et la réalité virtuelle.
J’aimerais donc susciter une réflexion sur l’impact anticipé de cette révolution des emplois sur nos communautés, surtout celles en milieu rural dont l’économie repose grandement sur des secteurs traditionnels tels que les ressources naturelles ou le secteur manufacturier. L’adaptation à d’importantes perturbations du secteur de l’emploi risque donc de les affecter durement. Rappelons également que, traditionnellement, nos gouvernements favorisaient la création d’emploi en appuyant de grands projets d’usines ou de manufactures qui embauchent souvent la plupart des habitants d’une localité. Qu’arrivera-t-il à ces gens quand leurs emplois seront remplacés par des robots afin d’améliorer l’efficacité de la production ? Dans un autre ordre d’idée, que pouvons-nous faire pour retenir dans nos communautés les prochaines générations de travailleurs qui se dirigeront vers ces nouveaux secteurs, dignes d’un film de science-fiction ?
Comme province, nous devons donc nous interroger sur cet impact sur nos entreprises, sur nos communautés et sur notre main-d’œuvre. Nous devons non seulement prévoir des moyens d’aider nos entreprises à demeurer concurrentielles en s’adaptant à ces technologies d’automatisation, mais aussi développer des solutions pour aider nos gens à réorienter leur carrière vers de nouveaux domaines émergents. En outre, l’adaptation aux nouvelles technologies a un coût — formation, acquisition de nouvel équipement, temps et investissements — et que l’appui des gouvernements fédéral et provincial sera nécessaire pour réaliser une adaptation gagnante pour nos entreprises et leurs employés.
Notre province doit se préparer pour un ensemble complexe de changements pour les deux prochaines décennies. Par conséquent, une vision à long terme, assortie de stratégies concrètes, s’avèrera nécessaire. En cette année d’élection fédérale, tous les partis politiques devraient considérer cette problématique et proposer leur plan d’action à long terme, qui doit également inclure nos élus provinciaux et municipaux dans ce dossier aux multiples ramifications pour notre avenir économique.
Thomas Raffy
Président-directeur général
Conseil économique du Nouveau-Brunswick inc.
Thomas Raffy
Président-directeur général
Conseil économique du Nouveau-Brunswick inc.