Chroniques
« Faire croître l’économie d’exportation : Clé de la prospérité future du Nouveau-Brunswick »
Ce titre est tiré du rapport préparé par Jupia Consultants Inc. pour le New Brunswick Business Council (NBBC). Voici les huit premiers points saillants directement traduits de ce rapport :
« 1. Depuis près de deux décennies, le secteur public croît plus rapidement que le secteur privé au Nouveau-Brunswick.
2. La croissance économique moyenne annuelle du secteur privé est passée d’une moyenne de 3,3 % de 1997 à 2006 à seulement 0,5 % au cours des 17 années suivantes jusqu’en 2023.
3. Une des principales raisons de la faiblesse du secteur privé a été la faible croissance des exportations. Le « déficit » commercial au Nouveau-Brunswick est maintenant supérieur à 8 milliards de dollars (la valeur des importations dépasse les exportations de plus de 8 milliards de dollars). Entre 1980 et 2005, la position commerciale du Nouveau-Brunswick était essentiellement équilibrée.
4. À long terme, la croissance des exportations au Nouveau-Brunswick est fortement corrélée à la croissance économique du secteur privé.
5. Les investissements commerciaux sont également bien en deçà de la moyenne à long terme au Nouveau-Brunswick, avec des industries spécifiques telles que la fabrication alimentaire, la pêche, les transports et les services publics investissant considérablement moins par rapport à leurs homologues à travers le pays.
6. Beaucoup de ces mêmes industries sont considérablement moins productives que leurs homologues à travers le pays et aux États-Unis.
7. La main-d’œuvre au Nouveau-Brunswick augmente à nouveau, mais il existe toujours un certain désalignement entre l’offre et la demande, en particulier avec les personnes immigrantes dans la province.
8. D’autres juridictions dépensent beaucoup plus d’argent pour le développement économique. Le Nouveau-Brunswick se classe 10e parmi les provinces pour les subventions à l’industrie par rapport à la production économique. »
Dans ce même rapport, la raison principale y est expliquée par le fait que « notre économie d’exportation ne suit pas. » Je suis complètement d’accord.
Ce rapport continue d’expliquer comme suit : « Les petites économies ouvertes comme le Nouveau-Brunswick importent la majorité des produits et services consommés par les ménages et les entreprises. Cela inclut les véhicules, l’électronique, les meubles, les vêtements, la plupart des aliments que nous mangeons et de nombreux services que nous consommons tels que le divertissement. Cela inclut également bon nombre des intrants utilisés par nos fabricants pour fabriquer leurs produits et la plupart des matériaux de construction utilisés dans nos maisons et autres bâtiments. En 2019, la province a importé 32,1 milliards de dollars de biens et services des autres provinces et pays. La raison pour laquelle nous importons 32,1 milliards de dollars de biens et services est que d’autres juridictions sont capables de produire ces biens et services de manière plus économique ou de meilleure qualité par rapport aux biens et services produits localement. Cela a du sens, car une petite province comme le Nouveau-Brunswick ne peut pas être compétente dans la production de la large gamme de produits demandés par les ménages et les entreprises. La plupart des avantages économiques associés aux dépenses en importations se produisent dans la juridiction où les biens et services sont produits. L’argent gagné au Nouveau-Brunswick est envoyé hors de la province pour stimuler l’activité économique ailleurs. Pour avoir une économie forte et prospère, des endroits comme le Nouveau-Brunswick doivent développer des industries d’exportation dans des domaines où nous avons un avantage compétitif et compenser les pertes économiques dues à ces importations. Ces industries comprennent les ressources naturelles telles que le poisson, le bois et les pommes de terre, ainsi que des produits manufacturés à valeur ajoutée tels que des produits en papier transformé et des aliments surgelés. Le Nouveau-Brunswick a également des forces dans les exportations de services dans des domaines tels que les services administratifs et les services informatiques. Cependant, ces dernières années, le “solde” commercial au Nouveau-Brunswick a commencé à s’élargir. En utilisant des données (de Statistiques Canada) ajustées pour l’inflation, l’écart entre la valeur des importations et des exportations est passé à plus de 8 milliards de dollars en 2022. Du début des années 1980 au début des années 2000, le Nouveau-Brunswick avait essentiellement un équilibre commercial. Le creusement du déficit commercial est l’une des principales raisons pour lesquelles la croissance a été relativement faible depuis le milieu des années 2000. »
Deux autres raisons provenant du même rapport sont : « Nos entreprises investissent moins dans la province » et « De nombreuses entreprises au commerce ont du mal à rester compétitives ». Cela contribue grandement au déficit entre les importations et les exportations.
Alors, que peut-on faire pour revenir à l’équilibre au milieu des années 2000 ? Le général Stockdale disait : « Faites toujours face aux dures réalités, mais ne perdez jamais espoir. »
Comme je l’écris souvent, il faut que nos entreprises investissent plus dans l’automatisation et la robotisation pour devenir ou demeurer compétitives. Le rapport recommande aussi d’aller voir dans des juridictions où la croissance des exportations et du PIB a été démontrée comme dans les états d’Idaho et de Washington aux États-Unis et nos provinces canadiennes de l’Île-du-Prince-Édouard et de la Colombie-Britannique. J’y reviendrai dans une prochaine chronique.
Ce même rapport suggère aussi que « pour soutenir les industries existantes à court terme, le gouvernement devrait : 1) créer un crédit d’impôt à l’investissement pour les entreprises investissant dans l’automatisation et la numérisation ; 2) s’assurer qu’il y a un processus accéléré pour les employeurs recrutant des travailleurs spécialisés en provenance de l’étranger et 3) égaler les incitations au logement que les autres provinces maritimes utilisent pour stimuler le développement résidentiel. » De plus, un autre point saillant du rapport affirme « en plus de soutenir la croissance des entreprises locales, le gouvernement provincial devrait examiner de nouvelles opportunités économiques qui pourraient avoir un impact significatif sur le PIB, les revenus et les impôts, similaire aux industries en croissance du passé. Celles-ci pourraient inclure l’exploitation minière, l’énergie verte, les centres de données IA (Intelligence artificielle) et d’autres opportunités. »
Je conclus comme suit : « Ne perdons jamais espoir » et faisons « croître l’économie d’exportation » chez nous. Tout le monde en sortira gagnant et gagnante !
Gaëtan Thomas
Président-directeur général du Conseil économique du Nouveau-Brunswick inc.