Chroniques
Aller au-delà des chiffres
3 juillet 2019
Récemment, L’Acadie Nouvelle a publié un article intitulé « Nous avons un ratio chômeurs-postes vacants parmi les plus élevés au pays » qui provenait de la Presse canadienne. J’aimerais profiter de cette chronique pour pousser la réflexion un peu plus loin pour non seulement expliquer le pourquoi, mais aussi pour explorer quelques solutions à ce volet particulier du vaste défi de la main-d’œuvre qui affecte nos entreprises.
Tout d’abord, revenons à cet article qui reprend des données de Statistiques Canada qui révèlent que le nombre de postes vacants a augmenté de 7,8 pour cent au Nouveau-Brunswick pour le premier trimestre de 2019. Cette tendance à la hausse est observée dans six provinces et territoires à travers le pays, alors nous ne sommes pas les seuls. En fait, l’ensemble de postes vacants au Canada a augmenté 9,6 pour cent comparativement au premier trimestre de 2018 et, en outre, la majorité de ces postes vacants est liée à des emplois permanents. Enfin, la conclusion de l’article soulignait très brièvement que le Nouveau-Brunswick affichait l’un des ratios chômeurs-postes vacants les plus élevés au pays.
Cet article ne fait qu’effleurer la surface du dossier de la main-d’œuvre dans notre province et ses multiples ramifications. Une telle hausse de postes vacants s’explique par notre population vieillissante avec un nombre grandissant de baby-boomers qui prennent leur retraite. Ajoutons à cela l’exode de nos jeunes qui partent travailler à l’extérieur du Nouveau-Brunswick. N’oublions pas non plus la décroissance de notre population avec un taux de natalité qui diminue d’année en année. Ces défis démographiques font donc en sorte que nous n’avons pas les gens pour pourvoir ces emplois.
Évidemment, augmenter l’immigration de travailleurs qualifiés et d’entrepreneurs est l’une des clés de solutions à ce vaste problème de main-d’œuvre. Cependant, nous devons non seulement attirer plus de nouveaux citoyens, mais nous devons aussi mettre en œuvre des moyens pour les retenir ici. Par exemple, le récent rapport de la Vérificatrice générale du Nouveau-Brunswick faisait état de formalités administratives très lentes et de délais entre le gouvernement fédéral et provincial pour que les immigrants obtiennent leur carte d’assurance-maladie. Ce document permet d’obtenir des soins de santé essentiels, mais il sert en plus de document admissible pour accéder à d’autres programmes sociaux. Ajoutez à cela les difficultés liées à la reconnaissance des diplômes, des certifications et des acquis et vous aurez un aperçu des défis auxquels font face nos futurs citoyens pour s’intégrer à nos communautés. De meilleures politiques publiques pour favoriser le recrutement, l’accueil et la rétention des immigrants s’avèreront de plus en plus nécessaires.
Pour pourvoir ces postes vacants, notre province se doit également de miser sur l’innovation, l’automatisation et la robotique, notamment dans le secteur manufacturier et les usines où peu de gens désirent accomplir des tâches répétitives ou dangereuses. Certes, ceci nécessitera des investissements importants, mais ceux-ci s’avèreront gagnants à long terme puisque nos entreprises pourront croître et concurrencer sur le marché mondial et contribuer à la création de richesse pour notre province. Enfin, mentionnons des programmes de formation et la valorisation des métiers pour les chômeurs qui désirent acquérir de nouvelles compétences pour accéder à ces fameux postes vacants. À première vue, ces défis de main-d’œuvre peuvent sembler vastes, mais des solutions pratiques existent et pourront faire une différence pour nos entreprises et notre économie.
Thomas Raffy
Président-directeur général
Conseil économique du Nouveau-Brunswick inc.
Thomas Raffy
Président-directeur général
Conseil économique du Nouveau-Brunswick inc.