Chroniques
Accessibilité aux logements abordables : un dossier complexe, mais instrumental pour le développement économique régional
Tout le monde, incluant le gouverneur de la Banque du Canada, M. Tiff Macklem, comprend qu’il faut rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande pour résoudre la crise du logement. Les économistes Richard Saillant et David Campbell sonnent l’alarme depuis plusieurs années au sujet de cette situation au Nouveau-Brunswick. Comme la demande de logements dépasse largement l’offre disponible présentement, cela a entraîné une augmentation des prix des logements. Ceci rend le logement inaccessible pour de nombreuses personnes. Comment rétablir l’équilibre pour résoudre cette crise de logement partout au pays ?
Il est crucial de chercher des moyens d’accroître l’offre de logements, tout en tenant compte des besoins des populations régionales et locales. Les solutions doivent inclure des mesures incitant la construction de nouveaux logements, la rénovation de logements existants, et le développement de politiques visant à rendre les logements plus abordables pour toutes et tous. Nous avons beaucoup de rattrapage à faire au Nouveau-Brunswick. Ce rattrapage est exacerbé par une croissance démographique exceptionnelle depuis deux ans. Est-ce que l’inflation et les hauts taux d’intérêt pour y contrer empirent la situation ?
Plusieurs personnes interpellent la Banque du Canada pour réduire les taux d’intérêt afin de soulager au moins certains de ces problèmes d’accessibilité. Cependant, M. Macklem a affirmé que des taux d’intérêt plus bas ne sont pas la solution miracle que les gens espèrent. « L’accessibilité au logement est un problème important au Canada, mais ce n’est pas un problème qui peut être résolu en augmentant ou en diminuant les taux d’intérêt », a-t-il déclaré lors d’un récent discours à Montréal. M. Macklem est d’accord avec nos économistes provinciaux en affirmant que le véritable problème est que l’offre de logements n’a pas répondu à la demande de logements depuis des années. Il a aussi souligné dans son discours au Conseil des relations étrangères de Montréal : « Il y a de nombreuses raisons à cela : restrictions de zonage, retards et incertitudes dans les processus d’approbation et pénuries de travailleurs qualifiés. Aucun de ces éléments n’est quelque chose que la politique monétaire peut résoudre. »
M. Macklem admet que les taux d’intérêt d’urgence bas pendant la pandémie de COVID-19 ont contribué à la hausse des prix des logements à cette époque. De plus, les propres recherches de la banque centrale montrent que « l’inflation du logement » continue de stimuler l’inflation.
De son côté, l’Association canadienne des constructeurs d’habitations affirme que les mises en chantier de logements ont diminué pendant deux années consécutives. Et son PDG, Kevin Lee, avance que les taux d’intérêt élevés en sont au moins en partie responsables. « Les taux d’intérêt réduisent directement la faisabilité de la construction de l’offre de logements neufs tant nécessaire — nous l’avons constaté en 2023 et cela continuera en 2024 », a-t-il déclaré.
Dans des dossiers comme celui-ci où plusieurs variables sont impliquées dans les projections économiques, la situation peut devenir très complexe. Les interactions entre ces variables peuvent rendre les prévisions incertaines, et les résultats peuvent varier en fonction de différentes combinaisons de valeurs pour ces variables. Cela peut rendre les projections économiques difficiles à préciser avec certitude. Alors dans une pénurie de main-d’œuvre et quand on prend des décisions comme celle de réduire l’immigration étudiante au Canada, je me demande si le gouvernement fédéral a considéré toutes les variables avant d’arriver à sa décision. J’admets que ce ne sont jamais des décisions faciles. Les gouvernements municipaux et provinciaux peuvent et doivent adresser les situations comme les restrictions de zonage et améliorer l’efficacité des processus d’approbation qui permettraient de rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande pour pallier la pénurie de logements. Cependant, pour la pénurie de main-d’œuvre, c’est le gouvernement fédéral qui se doit de prioriser l’immigration selon les besoins régionaux. Des métiers spécifiques doivent être ciblés comme les ouvriers de construction pour se rattraper dans le grand besoin de logements ainsi que le personnel requis pour assurer des services en santé et en éducation de haute qualité. Ensemble, nous y arriverons !
Gaëtan Thomas
Président-directeur général du Conseil économique du Nouveau-Brunswick inc.